Depuis son rachat, l’assistant personnel a connu un parcours chaotique, révèle une enquête de The Information. Siri n’a surtout pas réussi à maintenir ses concurrents à distance. La faute à une complexité organisationnelle et à un manque de vision forte ?
Sept ans et toujours pas l’âge de raison. Lancé le 4 octobre 2011, avec l’iPhone 4s, Siri peine encore à convaincre et n’a pas su s’imposer comme l’assistant de référence. Pire, cette place est même de plus en plus disputée depuis que Google, Amazon et Microsoft se sont lancés dans la danse.
Premier sur les rangs
Pourtant en 2011, Apple avait le champ libre et une ambition énorme. Mieux, il avait une vision : « Siri ne se concentre pas sur le secteur de la recherche. Siri est tourné vers l’intelligence artificielle », déclarait Steve Jobs en juin 2010 au Wall Street Journal, conscient que d’autres excellaient dans ce domaine, mais pas sa société. Son idée : placer Siri au centre d'une multitude de services créés par des développeurs tiers, un peu comme un App Store pour l’intelligence artificielle.
Pour Siri, Apple envisageait donc quelque chose de plus gros, une sorte d’IA dont rêve le cinéma, capable de mener une conversation et de répondre aux attentes des utilisateurs. Une vision à grande échelle du service de conciergerie interactive que l’équipe qui a créé l’assistant imaginait.
Comment Apple s’est-il perdu en chemin ? Norman Winarsky, co-créateur de Siri Inc, racheté par Apple en 2010 apportait un début de réponse la semaine dernière dans une longue interview au magazine Quartz. Dans une longue enquête, The Information est revenu plus en détails sur les sept premières années compliquées de Siri.
Une lourde perte
Steve Jobs « motivait énormément l’équipe », explique Norman Winarsky. « Il faisait croire aux développeurs qu’ils pouvaient changer les choses ». Une manifestation du fameux champ de distorsion de la réalité qui s’est accompagnée d’une forte croissance de l’équipe de Siri entre avril 2010 (le rachat de Siri Inc.) et le lancement de l’iPhone 4s. Elle serait ainsi passée de 24 salariés à presque 100 personnes.
Scott Forstall, qui supervisait le développement d’iOS jusqu’au fiasco d’iOS 6 et de Plans, était également un moteur pour l’équipe de Siri. C’est a priori à lui qu’on doit le feu vert de Steve Jobs pour le lancement de Siri avec l’iPhone 4s.
Mais pour s’assurer que Siri soit lancé à temps, des compromis ont dû être faits par rapport à la vision originelle, explique The Information. Ainsi, le grand projet de départ a été mis de côté. Steve Jobs a voulu que Siri se concentre sur quelques éléments que seul Apple pouvait contrôler.
Le retour d’un des grands travers de Steve Jobs ? A priori non, il aurait promis à ses équipes qu’ils pourraient développer plus tard leur plate-forme ouverte aux acteurs tiers. Dans les faits, il a fallu attendre 2016 pour voir arriver SiriKit, avec un succès plutôt modeste puisqu’il n’a abouti qu’à l’ouverture d’une dizaine de domaines de compétences. Citons entre autres le paiement, la réservation de véhicule ou la consultation de photos.
En fait, à en croire The Information, la mort de Steve Jobs a marqué la fin des ambitions de l’équipe originelle de Siri. « Quand Steve est mort, le lendemain du lancement de Siri, ils ont perdu leur vision », confiait un membre de cette équipe à propos d'Apple. Voilà qui renvoie à l'antienne habituelle de la perte de vision au sein du géant de Cupertino depuis la disparition de son co-fondateur.
Néanmoins, The Information affirme que cette perte de cap se serait aggravée avec le renvoi de Scott Forstall fin 2012. Lieutenant de Steve Jobs, le jeune senior vice-président d’Apple avait lui aussi une vision et faisait confiance à l’équipe de Siri.
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